« Indéniable composante psychologique »
FIBRO’lettre en PDF
En avril 2010, j’affirmais que la fibromyalgie n’était pas que dans la tête du malade… comme le disent certains praticiens consultés par les un(e)s et les autres. On parle souvent de dépression réactionnelle… Le mois dernier, j’osais même la petite phrase, amusante dans un autre contexte, « La vie n’est pas un long fleuve tranquille… » tant la maladie au quotidien est lourde à gérer. Ainsi, dans cette nouvelle lettre mensuelle, Je souhaite revenir sur la composante psy qui fait couler beaucoup d’encre.
Cause ou conséquence ?
La dépression ferait indéniablement partie de la fibromyalgie. Certains praticiens y voient là, l’origine de cette pathologie, loin du ressenti du malade : pourtant, on ne simule pas la douleur, on a mal ; on ne simule pas la fatigue, on s’endort en pleine journée ; on n’invente pas des nuits blanches, on les vit… Il suffirait donc d’une bonne dose de thérapie selon les thèses et enseignements de Jung avec « son » inconscient (…), de Freud avec « ses » pulsions sexuelles à la base de… , ou de Lacan avec son « signifiant » linguistique (…) en passant aussi du côté d’autres chercheurs qui ont permis à tout cela d’avancer sans laisser une trace indélébile dans notre mémoire de non-initié, pour que nous retrouvions notre bonne santé…
D’autres voient bien en la dépression une conséquence face à la difficulté engendrée. La rupture sociale, familiale, l’impossibilité de travailler, les pertes de salaires induites… ne peuvent en effet que générer celle-ci. Réaction somme toute bien humaine.
Les techniques d’IRM fonctionnelle ont permis d’associer le dysfonctionnement de certaines régions du cerveau à la dépression. Ainsi, tout reposerait-il sur quelques centaines de grammes – dont le cortex préfrontal (source doctissimo) – du 1.5 kg de cellules nerveuses, neurones, trillions et autres composants… du cerveau ? Ce qui est sûr est la baisse d’activité globale que la dépression induit. Pour le Dr André Muller, chef de service du centre d’évaluation et de traitement de la douleur de l’hôpital de Hautepierre à Strasbourg « L’origine de cette maladie voit s’affronter les tenants du tout psychiatrique aux partisans du tout organique. La vérité est très certainement entre les deux« (source doctissimo).
Déprime, dépression… 38 % des français ont consommé des antidépresseurs – 8 % seulement ont suivi une psychothérapie…
De nos jours, la prescription médicale est souvent la seule réponse pour les généralistes à une situation difficilement vivable (80 % des antidépresseurs consommés sont prescrits par des généralistes). Diagnostiquer le degré de mal-être est difficile car la personne souffrante, persuadée d’aller mieux, ne livre pas toutes les informations à son médecin… Et elle sombre ainsi un peu plus dans une dépression profonde. Pourtant, le diagnostic repose sur deux symptômes : la difficulté à faire face aux actes de la vie quotidienne – les gestes simples comme se lever, manger, s’habiller (…) deviennent un poids qui semblent peser de plus en plus – et le manque d’envie, de désir – la personne semble être écrasée -. Christophe André, psychiatre et auteur de « méditer jour après jour » évoque le fait que soigner la dépression sans médicaments est possible mais épuisant. Ainsi, les thérapies psycho cognitives – en sus de médicaments – aident les patients à trouver un meilleur équilibre dans leur vie (= la notion de plaisir / les amis / les activités…) et donc d’éviter toute rechute. Des études scientifiques montrent que la méditation en plus d’un entrainement physique suivi, d’une prise d’oméga 3 (…) participe à repousser les émotions négatives.
On parle de dépression chronique, mélancolique, saisonnière, masquée, majeure… réactionnelle… Mais il s’agit bien de tout mettre en œuvre pour sortir d’une situation qui fait que la vie devient invivable. Christophe André dit « apprendre à quelqu’un à nager alors qu’il se noie » ; cette image est bien appropriée.
La personne qui n’arrive plus à assumer son quotidien car son corps dysfonctionne est logiquement poussée dans une situation de non-plaisir qui fait que bien évidemment, elle va sombrer dans une dépression. C’est pour cette raison que souvent les docteurs proposent aux malades fibromyalgiques une prise en charge « psy ». Mais il ne faudrait pas pour autant oublier que l’aspect douloureux (…) de la pathologie est bien réel !
Donc, l’objectif est bien d’apprendre à se connaitre… Donnez-vous rendez-vous…
Liens à consulter
– L’incomparable cerveau humain par Michel Couillard
– Psychanalyse : l’histoire du mouvement
– Portail dédié à la psychologie au sens large
– Quels sont les différents types de psychothérapie ?
Lire la suite en PDF
Retour à FIBRO’lettre